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Vicky Samson

Vicky Samson
  • J'ai seize ans, je suis élève dans un lycée américain, je suis amoureuse du petit copain de ma pire ennemie et je ne sais pas manger un sandwich proprement - vous croyez que c'est facile à assumer, tout ça ?
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3 octobre 2005

[ II - Ray et Cassandra, suite ]

Je restai immobile sur le trottoir pendant plusieurs minutes. Le trio avait disparu depuis longtemps quand je me décidai enfin à poursuivre mon chemin. J’étais vraiment abasourdie. Ce qui m’arrivait était proprement incroyable et insupportable. En l’espace de quelques heures, j’avais découvert l’existence d’un garçon magnifique et prévenant qui – pour ne rien gâcher – semblait me porter un certain intérêt… et sa relation avec Cassandra Kent, la pire traînée de onzième, une blondasse aux boucles artificielles, bête comme ses pieds et nulle en théâtre, à se demander comment elle avait pu entrer au lycée de Tuton ! C’en était trop. J’étais probablement en train de rêver. Je devais avant tout aller me coucher et tout cela disparaîtrait en moins de temps qu’il n’en fallait pour découvrir chaque matin la couleur du soutien-gorge de Ruby Peeron.

Heureusement, Gladys m’avait préparé le café que je lui avais demandé. Attablée dans sa cuisine, je ruminai quelque temps puis demandai avec détachement :

« Dis-moi, Glad, est-ce que tu sais qui est Ray Thomas ? »

Elle me regarda comme si j’étais une extraterrestre. « Bien sûr que je le sais ! s’exclama-t-elle. Tout le monde sait qui c’est depuis qu’il sort avec Cassandra Kent. (Elle grimaça.) Ce que je ne sais pas, en revanche, c’est comment elle a fait pour lui mettre le grappin dessus…

‑ L’avais-tu déjà remarqué l’année dernière ?

‑ Non. Il sort peu, il a peu d’amis, il ne vient pas aux soirées du lycée – ou alors il y reste à peine une petite heure… Je ne sais à peu près rien sur lui. Pourquoi est-ce qu’il t’intéresse tant ?

‑ Pour rien, déclarai-je, fatiguée. Au fait, tu as regardé le film avec Bill Murray, hier soir ? »

Cet habile détournement de conversation était censé faire croire à Gladys que rien ne m’importait moins au monde que le sort de Ray Thomas et de sa belle Cassandra. De toute façon, je n’avais pas l’intention d’en rester là, mais j’avais ma petite idée sur les moyens de m’informer davantage.

à suivre...

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30 septembre 2005

II - RAY ET CASSANDRA

Les insinuations malsaines de ma chère Amber Jane ne me causèrent guère d’inquiétude ce soir-là. Penchée sur une leçon d’histoire pour le lendemain, j’avais tant de mal à me concentrer que vers neuf heures, je décidai, pour une fois, de laisser tomber. De toute façon, plus rien ne comptait pour moi. J’étais sur un petit nuage. Inutile de préciser que je croyais dur comme fer que Ray se moquait bien de mes progrès en chimie ; il était clair qu’il n’avait trouvé que ce moyen de m’approcher et que, finalement, nous ne ferions que bien peu de chimie. Ou alors, plus tard.

Je finis par m’apercevoir que malgré l’heure avancée, je n’avais pas encore dîné. D’ailleurs je n’avais même pas eu faim. A ma grande surprise, j’étais seule dans l’appartement. Carrie avait dû sortir, comme presque tous les soirs, mais elle ne m’avait même pas appelée pour me prévenir. J’avais allumé la télé et végétais devant l’écran, l’esprit complètement ailleurs, quand mon téléphone portable sonna.

« Vicky, c’est Gladys Bertolli, fit une voix acidulée.

‑ Oh, salut » lançai-je. Gladys était une assez bonne copine à moi, une rouquine pleine d’énergie que j’appréciais surtout pour son sens de l’humour mais que je prenais également pour une petite gaffeuse sans cervelle. La raison de son appel devait me le confirmer.

« Voilà, reprit-elle, un peu gênée. En fait, j’ai oublié mon bouquin d’histoire au bahut et j’ai déjà plein de retard dans mon boulot. Je m’étais promis d’avancer un peu ce soir, surtout pour le devoir de vendredi… » Je fis la grimace. Je l’avais complètement oublié, celui-là ! Il fallait à tout prix que je me remette à bosser. « … Je me demandais si tu pouvais me prêter le tien. Tu es ma dernière chance, Vicky ! J’ai déjà demandé à Dorothy et à Mark, mais ils m’ont dit qu’ils comptaient réviser toute la soirée… Je t’en prie, accepte !

‑ Mais il faut que je travaille, moi aussi ! protestai-je.

‑ Arrête ! s’exclama-t-elle dans un éclat de rire. Pour toi, c’est de la rigolade ! Tu n’auras qu’à relire tout ça jeudi soir. Tu as une mémoire d’éléphant et jamais aucun problème pour tout retenir ! S’il te plaît, dis-moi oui !

‑ OK, Glad, soupirai-je, tu as gagné. De toute façon je n’ai pas tellement la tête à revoir ça ce soir. Passe le prendre quand tu veux.

‑ Tu es géniale, Vicky, mais… mes parents sont sortis et je suis seule à la maison avec Tommy. » Tommy, le petit frère de Gladys, n’avait que deux ans. « Il n’est pas question que je le laisse. Ça ne te dérangerait pas de m’apporter ton bouquin ? »

J’en étais stupéfaite. Elle ne manquait pas d’air, elle ; les Bertolli n’habitaient pas précisément à côté de chez moi et il n’y avait plus de bus sur cette ligne à partir de huit heures et demie. « Ça va, grommelai-je. Tu as juste intérêt à me faire un énorme café pour quand j’arriverai. »

Mon livre sous le bras et les mains dans les poches, je marchais déjà depuis plus d’un quart d’heure quand je longeai un petit bar sombre et bruyant. La porte s’ouvrit à mon passage et deux personnes sortirent derrière moi. Je pressai le pas mais leurs rires idiots m’étaient familiers. Il s’agissait des deux filles les plus haïssables du lycée : Cassandra Kent, qui était dans ma classe, et Ruby Peeron, son acolyte de douzième. Elles m’apostrophèrent avec une telle insistance que je ne pus que me retourner.

« Salut, les filles, dis-je froidement en apercevant leurs silhouettes de gamines anorexiques et vulgaires.

‑ Hey ! piailla Cassandra étrangement fort. Où cours-tu comme ça, Petit Chaperon Rouge ? Tu n’as pas deux minutes pour entrer avec nous ? »

Qu’est-ce qui lui prend ? me demandai-je. Elle m’a toujours détestée, je doute qu’elle ait la moindre envie de boire un verre avec moi !

« Arrête, Cassandra, dit l’autre, apparemment plus lucide. Tu vois bien que Vicky est très pressée.

‑ Dommage, soupira Cassandra en s’approchant de moi. Oh, mais qu’est-ce que je vois là ? » Elle agrippa mon bras et trébucha. Je dus l’attraper par l’épaule pour l’empêcher de tomber. « Un livre d’histoire ! » Elle eut un rire hystérique. « Je parie que tu vas réviser toute la soirée, hein ? Une bonne élève comme toi… Trois jours avant le devoir ! Il est grand temps de s’y mettre, tu as raison ! » Elle puait tant le mauvais alcool que je me demandai si elle ne venait pas de vomir. Ou alors, de se parfumer à la tequila.

« Viens, bon Dieu ! cria soudain Ruby. On y va, maintenant !

‑ OK, OK. Bon, Vicky, rentre bien, Petit Chaperon Rouge, bégaya Cassandra. Et travaille bien, surtout… » Elle bredouilla encore quelques mots incompréhensibles et fit demi-tour.

C’est alors que ça se produisit. Tout se passa si vite que je ne fus pas certaine, sur le coup, d’avoir bien vu ; mais la suite des événements ne devait que trop me certifier que je ne m’étais pas trompée.

Pendant que Cassandra était venue s’écrouler à moitié dans mes bras et me parler des révisions d’histoire, un garçon était sorti du café et échangeait deux mots avec Ruby. Il me tournait le dos. Je ne distinguais sous l’obscurité, sous le néon rose et vert de la façade, qu’une masse de cheveux clairs savamment décoiffés. Lorsque Cassandra fut revenue près d’eux, Ruby la poussa dans le dos pour la faire avancer devant elle. Mais voyant qu’elle titubait dangereusement, le type blond poussa un grand soupir, se toucha le front de la main et lui passa un bras autour des épaules. Il la tenait contre lui si tendrement que je ne pouvais avoir aucun doute sur la nature de leur relation. Alors, pendant une fraction de seconde, il tourna la tête vers moi – et je reconnus Ray Thomas.

à suivre...

29 septembre 2005

[I - Ray, suite]

« Avais-tu du mal en chimie avant cette année ?

‑ Non ! m’exclamai-je. Jusque là, mes efforts payaient. D’ailleurs ça paye encore dans les autres matières scientifiques.

‑ Tu es une littéraire, n’est-ce pas ? me lança-t-il avec un sourire malicieux.

‑ Je suis dans la filière théâtre, dis-je fièrement.

‑ Oh ! répondit-il, apparemment impressionné. C’est vraiment… remarquable ! Il paraît qu’ils n’acceptent que peu de personnes et qu’ils exigent un très bon niveau.

‑ Pas en chimie, on dirait » persifla Amber Jane, jalouse d’être ainsi tenue à l’écart de la conversation. Je crus que j’allais devoir la frapper, mais Ray ne lui prêta aucune attention.

« Ecoute, reprit-il, absorbé par ses pensées. Tu m’as l’air d’être une bonne élève et je vois bien que tu t’inquiètes pour tes notes en chimie. C’est bête, parce que… honnêtement, je crois que tu devrais te consacrer à ce qui est vraiment important pour toi – le théâtre, la littérature, tout ça… Alors voici ce que je te propose : pour te faire gagner du temps, je peux t’aider en chimie.

‑ Tu… Tu es sérieux ? murmurai-je, le souffle coupé.

‑ Bien sûr. J’adore la chimie et ça ne me pose aucun problème de l’expliquer aux gens, bien au contraire. Moi aussi, j’ai eu un peu de mal, l’année dernière. Je m’en suis tiré à force de travail, mais toi, tu ne peux pas te permettre de passer l’année sur tes cours de chimie, n’est-ce pas ? »

Après cela, me dis-je, je peux vraiment mourir heureuse. Le plus beau garçon du lycée venait de me proposer des cours de chimie sous prétexte que j’avais des choses plus importantes que ça à faire ! La vie ne m’avait jamais paru aussi belle.

« Je ne sais pas quoi dire ! m’écriai-je avec un petit gloussement qui écoeura visiblement Amber Jane.

‑ Dis que tu es d’accord, fit Ray en se levant. On se retrouve à la bibliothèque du lycée demain après les cours, OK ?

‑ Avec plaisir !

‑ Pas tant que moi ! » affirma-t-il avec un clin d’œil. Il balança son sac sur son épaule avec une négligence qui me sembla être le comble du chic et s’éloigna en me faisant un petit signe de la main.

« J’hallucine ! explosa Amber Jane. Il ne m’a pas regardée un seul instant ! C’est comme si je n’existais même pas ! Après tout, je pourrais avoir de gros problèmes, moi aussi – en maths par exemple, ou en… tiens, en histoire, je suis complètement à la traîne, je ne retiens jamais rien !

‑ Laisse tomber, lui conseillai-je avec suffisance. Tu comprends bien que cette histoire de chimie n’était qu’un prétexte !...

‑ Quoi ? hurla-t-elle. Qu’est-ce que insinues ? Arrête tes films, Vicky, tu me dégoûtes, à la fin ! » Elle attrapa son sac et bondit sur ses pieds. « Puisque c’est comme ça, me dit-elle avec mépris, tu ne sauras jamais avec qui je vais peut-être décrocher un rencard ce week-end ! » Aussitôt, elle tourna les talons et partit à toute vitesse.

à suivre...

28 septembre 2005

I - RAY

Je crois aux miracles depuis ma plus tendre enfance. C’est vrai, je n’ai jamais pu m’empêcher de penser que quoi que nous fassions, il existe toujours une possibilité un peu surnaturelle que tout aille bien pour nous, et que même les situations les plus désespérées finissent par s’éclaircir – avec l’aide du ciel. Mais ce qui m’est arrivé le dernier mardi du mois de septembre est au-delà même du miracle, au-delà de tout ce que je pouvais imaginer dans mes fantasmes les plus fous.

Depuis le début de l’année scolaire, je pataugeais complètement en chimie. Notre professeur bien-aimé, mademoiselle DeLory, me faisait penser à une vieille fille sans avenir, dont la seule vie se réduisait aux cours stupides qu’elle dispensait au lycée. Naturellement, j’étais également persuadée qu’elle m’avait méchamment prise en grippe ; je pouvais bien travailler aussi dur que je voulais, jamais elle ne me mettait plus que D. Je n’ai jamais été une grande scientifique, c’est entendu ; mais je me débrouillais à peu près en maths et en physique, où j’oscillais généralement entre B et C, et ces sales notes de chimie faisaient tache sur mon premier bulletin mensuel. Le plus amusant, c’est que Carrie Serrano, ma colocataire, originaire comme moi de San Macalia, était en deuxième année de médecine et cartonnait en chimie ; mais jamais, au grand jamais, Carrie ne m’aurait donné un coup de main – en tout cas pas gratuitement. Elle était bien trop occupée à partager son temps entre ses cours à la fac, ses révisions, ses dîners entre copains au Snuggy et ses soirées bien arrosées à droite et à gauche. Affalée comme une demeurée sur un banc de la cour, je me plaignais à Amber Jane Boddicker, ma meilleure amie, du dernier E+ que venait de me coller DeLory après des heures de travail acharné et d’apprentissage forcé.

« C’est à peine croyable ! m’exclamai-je. Ou elle me hait, ou je suis vraiment une débile profonde et irrécupérable. Je vais demander à être dispensée de chimie. Après tout, cette matière ne me sert à rien et ne colle pas du tout avec mon option.

‑ Arrête, soupira Amber Jane. (Elle avait décroché un A assorti d’un « très bien » qui la rendait complètement imperméable à mes plaintes.) DeLory ne te hait pas. Elle est seulement un peu… sèche, mais si ça peut te rassurer, elle est comme ça avec tout le monde. Même avec moi.

‑ Non, pas exactement, répliquai-je. De toute façon, comment pourrait-elle l’être ? Tu es sa meilleure élève, ou peu s’en faut. Je te dis qu’elle t’adore et qu’elle me déteste. Elle déteste tout ce qui ne concerne pas directement la chimie. Elle m’en veut d’être venue ici pour faire du théâtre, elle m’en veut de ne pas être forte dans les matières scientifiques, elle m’en veut de…

‑ Qu’est-ce que j’entends ! s’écria derrière nous une voix ensoleillée. Vous êtes en train de critiquer mademoiselle DeLory, mon professeur préféré, ma seule et unique raison de venir au lycée chaque jour ! »

Je me retournai et restai bouche bée. Amber Jane en fit autant ; elle ne put retenir un petit cri de stupéfaction.

A trois mètres de nous, au beau milieu de la cour, se tenait un grand garçon blond aux cheveux en désordre, aux beaux yeux bruns étincelants, au sourire éclatant – et il nous parlait à nous, rien qu’à nous, comme si le reste du monde n’existait pas, comme s’il ne connaissait personne d’autre dans tout l’Etat !

« Je m’appelle Ray Thomas, dit-il en s’approchant. Pardon d’avoir entendu ce que vous disiez, mais la chimie est mon option. Je suis en douzième. Je ne sais pas ce que vous avez contre DeLory ; je reconnais qu’elle est parfois un peu dure et pas toujours très souriante mais je vous assure que c’est un professeur génial. C’est elle qui m’a fait aimer cette matière.

‑ Je… J’en suis bien persuadée, bredouilla Amber Jane précipitamment. C’est Vicky qui pense le contraire !

‑ Vraiment ? » demanda-t-il doucement en se tournant vers moi.

Je ne pouvais le quitter des yeux. J’admirais la finesse de ses traits, la grâce de ses moindres mouvements, l’élégance de sa tenue et de son attitude. Comment avais-je pu ignorer si longtemps jusqu’à son existence !

« En fait, commençai-je, je ne doute pas de ses qualités de prof, mais je crois qu’elle… qu’elle ne m’aime pas.

‑ Pourquoi ça ?

- Je… Je n’ai pas des notes très…

‑ Vicky est nulle en chimie » intervint Amber Jane. Je la fusillai du regard.

« Nulle ? s’étonna Ray.

‑ Pas extrêmement douée, rectifiai-je. Je bosse énormément mais les résultats ne suivent pas. »

Ray se toucha le front d’un air pensif, puis tendit le doigt vers notre banc en demandant s’il pouvait s’asseoir. Pour seule réponse, nous poussâmes de petits cris de joie et nous écartâmes si vivement que je faillis tomber. Il se trouva donc installé entre nous deux et s’adressa à moi.

à suivre...

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